Sur tous les continents, depuis la nuit des temps, dans
les sociétés dites " traditionnelles ", les individus inscrivent à même leur
chair des marques, éphémères ou indélébiles, qui affirment une identité,
jalonnent une initiation, précisent une hiérarchie, accompagnent une thérapie.
Le corps n'atteint sa véritable plénitude, sa dimension sociale, spirituelle, "
civilisée ", que par cette ornementation peinte, gravée, sertie, par ces
interventions et ces transformations artificielles. Tatouage, scarification,
piercing, implants, branding, font aujourd'hui surface dans les sociétés dites "
évoluées ". Ces pratiques fondées le plus souvent sur une volonté de
transgression et de dissidence sont dissociées de toute ritualité sociale ou
religieuse. Et vite sollicitées par la mode. Se référant parfois à un
primitivisme imaginaire, ces marques ont valeur d'affirmation personnelle. Cet
ouvrage, qui regroupe des textes d'écrivains, de sociologues, d'anthropologues,
d'historiens et de critiques d'art, remonte aux sources objectives et " magiques
" de ces métamorphoses charnelles à travers des œuvres majeures, sculptures et
parures d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Expression d'une
esthétique autre, de la nécessité d'affirmer une différence, les signes du corps
permettent aux hommes et aux femmes d'user d'un langage particulier pour dire
leur relation au monde.
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