Même si l'image est toujours au présent, le récit filmique peut transporter le spectateur dans le passé. Une grande part de la « magie » du cinéma tient à cette capacité singulière qu'il a de partir à reculons, à l'improviste, et d'appuyer l'évocation du présent par la reconstitution subite du passé. De Soudain l'été dernier à Kill Bill, le cinéma s'attache à construire et résoudre maintes énigmes, et à épouser les jeux subtils et enchanteurs de la mémoire.
Ce voyage temporel s'accomplit via la figure narrative que l'on nomme flash-back. L'objectif de cet ouvrage est d'en offrir une analyse sous l'angle narratologique (la relation du flash-back au reste du film), sous l'angle technique du montage (les ponctuations utilisées pour signifier le passage à la séquence située dans le passé), enfin sous l'angle sémantique (les significations, valeurs et fonctions du syntagme rétrospectif).
L'étude ne serait pas complète sans une approche historique qui met en lumière l'évolution de l'emploi et des modalités de ce procédé narratif et sa présence dans certains genres, comme le film noir. Sont enfin analysées les oeuvres marquant une rupture dans l'utilisation du flash-back.
Illustré par des exemples empruntés aux époques et aux filmographies les plus diverses, ce livre sera utile à tous ceux que le cinéma intéresse, étudiants, enseignants et bien sûr cinéphiles.
Yannick Mouren est docteur en études cinématographiques et chargé de cours à l'université de Paris I.
Ordre. Les quatre concepts cardinaux. Le flash-back externe, partiel (continu ou discontinu), unique. Le flash-back externe, complétif. Le flash-back externe, semi-complétif, continu, raccordant. Le flash-back partiel, interne. Procédés d'enchâssement. Signes placés avant et après le flash-back. Signes placés pendant le déroulement du flash-back. Signe zéro. La métalepse narrative. Le flash-back gigogne. Le flash-back numérique. Sémantique. Fonctions. Valeurs. Histoire. Le cinéma muet. Les années 1930. Les années 1940. La situation du flash-back dans le cinéma classique. Les films-ruptures. Jeu avec les complexifications. Le flash-back aujourd'hui : jouer avec l'anticipation spectatorielle. Le flash-back demain, les films rétrogressifs.
LE STYLE BARDOTLevant de grands yeux au ciel, ordonnançant ses longues mèches qui dégringolent et caressant de nombreux chiens somnolant à ses pieds, Brigitte, aujourd'hui, aime assez résumer son histoire, désormais part de l'Histoire de France, en disant : "Mais non, rien, rien de rien, je n'ai rien calculé. Rien n'a été préparé ou combiné, j'ai été moi, c'est tout. Moi. Vraie. A ma façon !" Et cette façon, inimitable, d'être Bardot s'est révélée phénoménale. La preuve : soixante ans après, la terre entière parle, encore et toujours, de cette apparition insensée et sensationnelle de BB, naissant à l'écran, et de l'onde de choc et dans l'onde de chic qu'elle provoquait avec le film Et Dieu créa la femme.1,100/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407110150001
MANDIARGUES ET LE CINEMAÀ sept reprises, des romans d’André Pieyre de Mandiargues furent adaptés au cinéma, notamment par Walerian Borowczyk, Jacqueline Audry ou Jack Cardiff. Presqu’autant de fois, ses récits feront l’objet de projets inaboutis et impossibles, à l’instar de l’adaptation du Lis de mer envisagée par Michelangelo Antonioni ou de La Motocyclette souhaitée par Nelly Kaplan.
Est-ce la poétique visuelle de Mandiargues qui séduisit, de façon magnétique, les cinéastes ? Son œuvre entière n’est-elle pas, secrètement, l’exploration d’un monde sonore ?
Une esthétique du cinéma traverse ainsi les romans de Mandiargues et leurs adaptations pour dessiner finalement les contours d’un archipel audiovisuel où se rencontrent l’imaginaire, la plasticité des images et des sons, les films invisibles et leur utopie.Essayiste, critique d’art et professeur à l’École nationale supérieure d’art de Bourges, Alexandre Castant a publié Esthétique de l’image, fictions d’André Pieyre de Mandiargues (Publications de la Sorbonne, 2001) et Visions de Mandiargues – Modernité, avant-garde, expériences (en collaloration avec Iwona Tokarska-Castant, Filigranes, 2020).660/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001948911
LA MEMOIRE-CINEMALa Mémoire-cinéma de Marie Gil est un essai qui réfléchit ensemble, l'un par et avec l'autre, littérature et cinéma. À travers l'analyse de six films, de Sunset Boulevard à On connaît la chanson, l'auteur théorise ce que Proust avait, d'une certaine manière, déjà pensé, le fonctionnement “filmique” de la mémoire. L'analyse des images enrichit notre compréhension de Proust, mais c'est dans le détail de l'analyse textuelle d'À la recherche du temps perdu que la problématique générale de l'ouvrage se détermine. Ce va-et-vient constant est un bel exemple de transversalité interprétative et de comparatisme disciplinaire. Marie Gil démontre en effet une expertise égale dans l'analyse filmique et dans l'herméneutique textuelle. Sa relecture de Proust est d'une puissante originalité qui retrouve à la fin de la Recherche des citations littérales et manifestement inconsciente des premiers livres, traces de son écriture laissées par l'auteur dans son propre texte. Son herméneutique est donc aussi une archéologie. Le miracle étant de trouver, au coeur de son archéologie de l'oeuvre de Proust, le cinéma.1,100/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2407001948749
CAHIERS DU CINEMA HS N 3 : JACQUES DEMY - AVRIL 2024Parmi tous les grands cinéastes français, Jacques Demy est un des plus singuliers, ne serait-ce que par ses grands films musicaux, uniques en leur genre, devenus mythiques pour les nouvelles générations (en particulier, Les Demoiselles de Rochefort ou Peau d’âne). À la tête d’une filmographie relativement brève – seulement 13 longs-métrages entre 1960 (Lola) et 1988 (Trois places pour le 26) -, Demy a connu la gloire, notamment avec la Palme d’or attribuée en 1964 aux Parapluies de Cherbourg, tragédie musicale entièrement chantée, synonyme de reconnaissance internationale, aux USA notamment où le cinéaste tournera, un peu plus tard, Model Shop, mais également une trajectoire accidentée, ponctuée par plusieurs projets non réalisés.Conçu sur le même modèle que ses deux prédécesseurs, dédiés à François Truffaut et David Lynch, ce hors-série Jacques Demy reprendra une sélection de textes critiques, rédigés par Jean-Luc Godard, Paul Vecchiali, François Weyergans, Jean Douchet et bien d’autres et d’entretiens publiés dans la revue, au fil de l’histoire des Cahiers, en particulier deux grands entretiens donnés par Jacques Demy en 1964 (au moment des Parapluies de Cherbourg et en 1982 (à l’époque d’Une chambre en ville), mais également des témoignages exceptionnels de Catherine Deneuve, Michel Legrand ou Bernard Evein, véritable directeur artistique des films de Demy.Grâce à la coopération précieuse de Ciné-Tamaris et de Rosalie Varda, ce hors-série sera aussi l’occasion de puiser dans les archives du cinéaste, soigneusement conservées, et de publier des documents rares, voire inédits – œuvres de jeunesse, photos et peintures réalisées par Demy dans la seconde moitié des années 1980, documents ayant traits aux projets non tournés, photos d’Agnès Varda sur les tournages du cinéaste – sous la forme de plusieurs port-folio.Cette œuvre très personnelle mérite également d’être revisitée à la lumière de regards contemporains. Des cinéastes contemporains, français (par exemple, Christophe Honoré…) ou étrangers (Damien Chazelle…), évoqueront leur relation aux films de Jacques Demy. Nous proposerons un gros-plan sur les musiques mythiques de Michel Legrand, à travers les propos de chanteuses amoureuses de ce répertoire, telles que Nathalie Dessay. Sans oublier une relecture du cinéma de Demy sur des thématiques contemporaines, sexuelles, politiques, voire même queer…710/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404290150001