De la société japonaise d'aujourd'hui, que peut nous donner à entendre la mort volontaire, quand on la saisit comme symptôme, dans la rumeur des statistiques ? Mais rien n'existe qu'à être devenu : l'enquête sociologique trace la ligne de départ d'une généalogie. D'un siècle à l'autre, il s'agit alors de parcourir ce pays dont parle Nietzsche, «l'énorme, le lointain et le si mystérieux pays de la morale - de la morale qui a vraiment existé et qui a été véritablement vécue», en explorant sur documents les pratiques diversifiées de la mort volontaire au Japon : comme apothéose de la carrière du guerrier, comme horizon du détachement bouddhique, comme clef de voûte du système féodal, comme épreuve à la mesure de l'amour, comme exaltation sacrificielle, comme conclusion du désespoir et du déracinement. Chaque fois, le choix de la mort volontaire éclaire le milieu humain d'où lui vient son sens, et de proche en proche c'est tout le passé japonais qui se trahit dans ses contradictions, dans ses égarements et dans ses déchirements.
AVEC LES FEESL'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées.1,160/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2401001884183
AMSTERDAM AU TEMPS DE SPINOZAFace aux réquisitoires contre l'argent au nom de la liberté, nous avons voulu montrer comment l'argent a permis à la liberté de s'installer et comment il a veillé sur elle à partir d'un exemple et non d'un modèle : Amsterdam au temps de Spinoza. La ville a été le laboratoire de l'argent dans sa modernité et celui des libertés dans leur diversité. Grâce au lien circulaire entre argent et liberté, Amsterdam, après la première révolution européenne qui enfante la République des Provinces-Unies à la fin du xvte siècle, est seule capable dans le monde d'éradiquer le despotisme, la tyrannie, le fanatisme, bien avant les exigences de 1789 ; elle a permis de faire entendre les voix de Descartes et de Spinoza que nous ne cessons encore d'interroger. Mais doit-on pour autant confondre argent et liberté, fin et moyens ? Amsterdam a-t-elle été fidèle à cette volonté de liberté honnie par les rois et les prêtres mais qui a sauvé des milliers de victimes de la violence et de l'intolérance ? Il appartient au lecteur de juger ce que la ville a fait de son argent et de sa liberté à l'heure où la République vit son siècle d'or, et de ne pas oublier que le regard sur le passé n'est jamais neutre.1,540/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2306001791792
EN CHINE ET AILLEURS - RECITS ET DESSINS DE VOYAGEÀ l'automne 1836, le dessinateur Auguste Borget, proche ami de Balzac, s'embarque au Havre pour un tour du monde, à la recherche de paysages neufs et exotiques. Après New-York et ses environs, il traverse l'Amérique du Sud, puis le Pacifique, et réside un an sur les côtes de Chine, à un époque où bien peu d'Européens y ont pénétré. ÀHong-Kong, Canton ou Macao, il dessine en permanence et observe le spectacle grouillant de la rue. À son retour, en 1842, il publie un superbe album de 32 dessins lithographiés, La Chine et les Chinois, accompagné d'un texte décrivant méticuleusement les mœurs et la vie quotidienne des Chinois.
Cet exceptionnel témoignage, jamais réédité, est suivi de cinq textes de Balzac qui révèlent sa fascination pour l'Orient : on découvrira les quatre articles peu connus qu'il a consacrés au livre de son ami, puis une de ses étonnantes rêveries asiatiques, Voyage de Paris à Java (1832). Le volume, introduit par une remarquable esquisse biographique de Borget, s'achève sur la correspondance entre l'artiste et l'écrivain.1,210/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2304261140001
À 50 ans, Cécile Valeman décide de faire un pas de côté et de prendre une année sabbatique. Bien qu'agnostique, tout à coup, se mettre en mouvement pour faire d'une traite le Chemin de Compostelle s'impose comme une évidence. Elle aspire à un espace-temps différent. La voici donc partie depuis Figeac, pour plus de 1 250 kilomètres à pied... son sac sur le dos, mettant ses pas dans ceux des millions de pèlerins qui l'ont précédée depuis de nombreux siècles.
Elle a décidé d'envoyer chaque jour une chronique à un groupe d'amis pour relater son expérience. En chemin est l'authentique compilation de ces chroniques, écrites d'un jet, à l'issue de chacune de ses journées de marche.
Avec humour, nouveauté et fraîcheur, laissez-vous guider sur ces chemins maintes fois empruntés et toujours aussi intenses. Un voyage initiatique et poétique en bonne compagnie, qui se picore au quotidien !