Le sentiment de l’exil, l’étrangeté au monde, la mélancolie, que Clarice Lispector exprimait dans les Lettres à ses sœurs écrites de Berne où elle résidait dans les années 1940, sont la matière même de ses œuvres et se retrouvent dans les nouvelles lues par Fanny Ardant.
«Ce qui était arrivé à Ana avant d’avoir un foyer était à jamais hors de sa portée: une exaltation perturbée qui si souvent s’était confondue avec un bonheur insoutenable. En échange elle avait créé quelque chose d’enfin compréhensible, une vie d’adulte. Ainsi qu’elle l’avait voulu et choisi. La seule précaution qu’elle devait prendre, c’était de faire attention à l’heure dangereuse de l’après-midi, quand la maison était vide et n’avait plus besoin d’elle, le soleil haut, chaque membre de la famille réparti selon ses fonctions. Regardant les meubles bien astiqués, elle avait le cœur serré d’un léger effroi, mais elle l’étouffait avec cette habileté même que lui avaient enseignée les travaux domestiques.» Clarice Lispector
Mes chéries, Lettres à ses sœurs, 1940-1957 (2015), extraits Amour, in Liens de famille (1989), texte intégral – Singes, in Corps séparés (1993), texte intégral La Belle et la bête, du recueil éponyme (1984), texte intégral Tous ces livres sont publiés aux éditions des femmes-Antoinette Fouque
LE TEMPS RETROUVE (5 CD)Que celui qui pourrait écrire un tel livre serait heureux, pensais-je, quel labeur devant lui ! Pour en donner une idée, c'est aux arts les plus élevés et les plus différents qu'il faudrait emprunter les comparaisons ; car cet écrivain, qui d'ailleurs pour chaque caractère en ferait apparaître les faces opposées, pour montrer son volume, devrait préparer son livre, minutieusement, avec de perpétuels regroupements de force, comme une offensive, le supporter comme une fatigue, l'accepter comme une règle, le construire comme une église, le suivre comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un enfant, le créer comme un monde sans laisser de côté ces mystères qui n'ont probablement leur explication que dans d'autres mondes et dont le pressentiments est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art.
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Lu par Myriam Boyer et Salomé Lelouch. Texte abrégé
"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches su sants.Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai."Myriam Boyer et Salomé Lelouch nous font goûter l'érudition et les sarcasmes d'un improbable duo, et le bonheur d'un style drôle et tendre !