Dans une lettre fort célèbre adressée à Marin Mersenne le 4 mars 1641, René Descartes dit de Thomas Hobbes, l'" Anglois " : " je crois que le meilleur est que je n'ai point du tout de commerce avec lui, et pour cette fin, que je m'abstienne de lui répondre ; car, s'il est de l'humeur que je le juge, nous ne saurions guère conférer ensemble sans devenir ennemis ". Quant à Hobbes, selon le témoignage de John Aubrey (1626-1697) rapporté dans ses Brief Lives, il avait apparemment coutume de dire que Descartes, " s'il s'en était tenu à la géométrie, aurait été le meilleur géomètre au monde, mais sa tête n'était pas faite pour la philosophie ". Pourquoi alors " Hobbes, Descartes et la métaphysique ", d'autant qu'il est également bien connu que Hobbes ne passe pas spécialement pour un défenseur acharné de la " métaphysique ", laquelle, au " Royaume des ténèbres ", figure selon Hobbes en très bonne place ? En réalité, l'opposition entre Hobbes et Descartes concerne peut-être - c'est du moins l'hypothèse que ce livre envisage et tente d'explorer - la façon dont le philosophe anglais a cherché à constituer, avec et contre Descartes, un privilège de la physica au sein de la philosophie prima. D'où la nécessité de reprendre à nouveaux frais les enjeux du débat qui fit s'affronter Hobbes et Descartes autrement que sous la seule forme de l'injure et de l'attaque ad hominem. D'où également la nécessité de s'interroger sur les liens qui rattachent peut-être la philosophie première de Hobbes au " système de la métaphysique " tel que ce dernier s'est progressivement constitué, au XVIe siècle, avec l'élaboration de l'ontologia.
A QUOI SERT L'HOMME ?1,100/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404291910003
NOUS SOMMES LES AUTRES ANIMAUXLe rapport à l’animal s’est beaucoup transformé depuis vingt ans dans les sociétés occidentales. Les violences faites aux animaux sont insupportables et l’extinction de millions d’espèces est perçue comme une catastrophe. Nous avons changé de paradigme. Nous sommes passés de l’animal-machine des cartésiens avec lequel tout est permis à l’animal-peluche des végans qu’il faut caresser et protéger. C’est un progrès, mais penser l’animal comme il est et non comme nous le fantasmons constitue toujours un défi philosophique. S’atteler à cette tâche est urgent : nous comprenons aujourd’hui que l’humain s’est constitué dans la texture de l’animalité et que l’émergence d’animaux-robots annonce des bouleversements majeurs.
Dominique Lestel est un philosophe qui développe une éthologie philosophique originale. En 2017, il a été lauréat de la Japan Society for the Promotion of Science, et en 2018-2019, il a été un Berggruen Fellow au Center for Advanced Studies in the Behavioral Sciences, à Stanford University, où il a écrit ce livre.880/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404291910002