Schubert lègue une œuvre gigantesque écrite en une vie d'une étonnante brièveté. Aucun autre compositeur n'a crée autant d'ouvrages marqués du saut d'une individualité aussi prononcée - et ce, dans tant de genres musicaux différents - qu'il le fit au cours des vingt et un derniers mois de sa vie. Mais seule une centaine d'opus sont édités de son vivant et, à sa mort, les Viennois n'ont aucune connaissance de l'œuvre de Schubert dans son entièreté, pas même le cercle de ses amis proches lesquels courtisent avant tout ses lieder. Débute alors la lente découverte de sa production : jamais la diffusion de l'œuvre d'un créateur de cette envergure n'aura été aussi longue. C'est le cheminement de cette œuvre, de sa source à ses récents avatars, que retrace cet ouvrage. Les démarches des familiers de Schubert pour le faire éditer après sa mort sont relayées par un discours critique qui se répand en Allemagne puis dans l'ensemble de l'Europe, tandis que le nombre de transcriptions dont ses Lieder font l'objet atteste de sa vogue. C'est toutefois à la fin du XIXe et au XXe siècle que l'on prit vraiment, avec la découverte de ses œuvres monumentales, la mesure de son génie.
Docteur en musicologie, Corinne Schneider enseigne au Conservatoire nationale de Région de Paris. Elle est l'auteur d'une monographie sur Carl Maria von Weber (Paris, Gisserot, 1998).
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