 "C'est un pays perdu" dit-on : pas d'expression plus juste. On n'y arrive qu'en s'garant. Rien y faire, rien y voir. Perdu depuis le dbut peut-tre, tellement perdu avant d'avoir t que cette perte n'est que la forme de son existence. Et moi, stupidement, depuis l'origine, je cherche le garder. Je voudrais qu'il soit lui-mme, immobilis dans sa propre perfection, et qu' chaque instant on puisse s'en emplir. Deux frres, qui habitent en ville, possdent dans un hameau isol une maison de famille. L'un d'eux vient d'hriter d'un cousin qui vivait en sauvage dans sa ferme. leur arrive, ils apprennent la mort d'une jeune fille du village. Les obsques ont lieu le lendemain. Comme dans les anciennes tragdies, l'action se droule sur deux journes d'hiver, au c?ur de montagnes dsertes. Les dieux qui la rgissent sont la fois grotesques et terrifiants. On les nomme Alcool, Hiver, Merde, Solitude. Ils n'empchent pas, cependant, que ceux qu'ils soumettent leurs caprices fassent preuve d'une vritable grandeur. Ce que l'on enterre, dans ce roman, ce sont les derniers paysans. C'est aussi la beaut, dont on ne parvient jamais faire son deuil

N Crteil en 1955, Pierre Jourde est professeur l'universit de Grenoble III. Il a publi une quinzaine d'ouvrages - fictions, essais et critiques - dont La Littrature sans estomac (L'Esprit des Pninsules, 2002), un vigoureux pamphlet couronn par le Prix de la critique de l'Acadmie Franaise

Prix Gnrations du roman 2003

Angelo Rinaldi, Le Figaro
Voil un livre puissant, au style dense comme du basalte, jamais touffant, creus entre la parole et le silence, la jubilation et l’effroi. Pierre Jourde signe ici un livre estomaquant, plant sur ce pays perdu comme une stle rigolarde.
Frdric Pags, Le Canard enchan
Un sens remarquable de l’quilibre dans la phrase, de la musique dans les mots, de l’humour dans l’observation. Un paragraphe lui suffit pour chacun de ses personnages croqus sur le vif, et leur procure la densit que l’on admire sous la plume de certains mmorialistes.
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