Un matin brûlant de mai 2003, une file de prisonniers
franchit les portes du pénitencier de Rilima, en chantant des alléluias.
Ces anciens tueurs rwandais viennent d’être libérés, à la surprise de
tous, notamment des rescapés qui les regardent s’installer à nouveau sur
leurs parcelles, à Nyamata et sur les collines de Kibungo ou Kanzenze.
Que peuvent désormais se dire Pio et Eugénie, le
chasseur et le gibier à l’époque des tueries dans la forêt de Kayumba,
lorsqu’ils se croisent sur le chemin ? Comment Berthe et le vieil Ignace
peuvent-ils se parler au marché puisque toute vérité est trop risquante
? Quels sont les maléfices qui les frappent ? De quelle façon partager
Dieu, la Primus, la justice, l’équipe de foot ? Et revivre avec la mort
et les morts ? Que ramène-t-on de là-bas ?
« Moi aussi je me sens menacée de marcher
derrière la destinée qui m’était proposée… De quoi ? Je ne sais le dire.
Une personne, si son esprit a acquiescé à sa fin, si elle s’est vue ne
plus survivre à une étape, si elle s’est regardée vide en son for
intérieur, elle ne l’oublie pas. Au fond, si son âme l’a abandonné un
petit moment, c’est très délicat pour elle de retrouver une existence.
»
Ce livre suit Dans le nu de la vie. Récits des
marais rwandais et Une saison de machettes.