" Il y a loin de se connaître éphémère, à le sentir dans sa chair. C'est ce que le ruissellement de la Hure a appris à un petit garçon, dans ces nuits d'été d'autrefois où il s'arrêtait pour écouter le silence, ce silence tout vibrant de grillons et que traversait le sanglot d'un nocturne, l'appel des crapauds, où était perceptible le moindre froissement de branches. (. ) Marie dit à voix basse : " Il me semble que quelqu'un marche, que j'entends craquer les aiguilles de pin ". Mais non, c'était le vent, ou une belette : tant de bêtes s'entre-dévorent ou s'accouplent la nuit. - Et nous aussi, que faisons-nous d'autre ? Et pourtant nous sommes autres. " Dernière réussite, Un adolescent d'autrefois est une somme mauriacienne où se retrouvent les principaux thèmes romanesques de l'auteur. Aucune œuvre ne manifeste mieux l'univers d'un créateur qui a su mettre un réalisme sans complaisance et une virtuosité sans défaillance au service de la peinture de l'homme écartelé entre sa grandeur et sa misère.
|