" Le très pénétrant Machiavel... cet homme très sage, dont il est évident qu'il fut pour la liberté, pour la défense de laquelle il a donné les conseils les plus salutaires. " Spinoza, Traité politique V, 7 Chef-d'œuvre bref et fulgurant, Le Prince est devenu d'emblée un livre classique de la réflexion politique. Adversaires et partisans de la doctrine du Florentin n'ont cessé de s'affronter au cours des siècles, au prix parfois de grands malentendus.
Dédié à Laurent de Médicis, Le Prince est une oeuvre nourrie par l'expérience d'ambassadeur de son auteur. Machiavel y définit les fins du gouvernement : sur le plan extérieur, maintenir à tout prix son emprise sur les territoires conquis ; sur le plan intérieur, se donner les moyens de rester au pouvoir. Parce que les hommes sont égoïstes, le prince n'est pas tenu d'être moral. Il doit être craint en évitant de se faire haïr par le peuple.
La réduction de Machiavel au machiavélisme est cependant trop simpliste. On peut même lire Le Prince comme une des premières oeuvres de science politique, l'auteur ne cherchant qu'à décrire les mécanismes du pouvoir, à la manière du physicien qui détermine les lois de la gravitation. Rousseau ou encore Spinoza ont même pensé que Le Prince s'adressait en vérité au peuple pour l'avertir des stratégies utilisées par les tyrans.
Oeuvre géniale dans son ambiguïté, Le Prince peut donc être lu soit comme un traité de gouvernement à l'usage du despote, soit comme un ouvrage de science, voire comme une critique déguisée du despotisme. --Paul Klein
Poète et traductrice de La Divine Comédie, Jacqueline Risset s'est appliquée ici à rendre l'épaisseur littéraire et la théâtralité latente de ce texte intrépide et troublant où la guerre est présente, où vertu et fortune s'affrontent tandis que prend corps la figure du Prince.
Yves Levy, auteur d'une traduction raffinée à l'extrême, évoque longuement dans sa préface les différentes fortunes du Prince : de Descartes et Spinoza à Montesquieu et Rousseau, de Tocqueville à nos jours.
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