Un halo de mystère
entoure Lilian Lee (pseudonyme de Li Bihua) auteur à succès,
dont la plupart des oeuvres ont fait l'objet d'adaptations
cinématographiques très populaires en Asie. Pour sauvegarder sa
vie privée, elle vit au dernier étage d'un grand palace de Hong
Kong et refuse d'être photographiée. La Palme d'Or remportée par
Chen Kaige pour Adieu ma concubine, d'après le présent roman
(avec Leslie Cheung, Gong Li et Zhang Fengyi dans les rôles
principaux), devrait lui permettre d'acquérir une renommée
internationale. Sur les planches, les vedettes de l'Opéra de
Pékin interprètent le duo d'amour d'Adieu ma concubine : au soir
de la bataille, la favorite Yu, sous les traits de Cheng Dieyi
(un jeune homme, comme l'exige la tradition), chante pour
adoucir la détresse de son seigneur vaincu, incarné par Duan
Xiaolou. En coulisse, Dieyi quitte parures et fards, mais la
complainte de son personnage l'habite encore. Xiaolou, son
valeureux compagnon de scène, le délaisse et préfère s'illustrer
dans un théâtre d'un tout autre genre : à la Maison des Fleurs
où Juxian, belle entre les belles, joue à merveille l'amante
éperdue. Qui de la favorite ou de la courtisane remportera le
premier rôle ? Des années 20 aux années 70, durant ces cinquante
ans qui ébranlèrent la Chine, ces amis d'enfance, ces frères de
scène vont s'aimer, se tromper, se trahir. Chute de la dynastie
Qing, occupation japonaise, Révolution culturelle forment la
toile de fond de cette cantate de fièvre et de sang. Sentiments
masqués, jeux de miroirs, Lilian Lee tire avec dextérité les
fils de cette épopée faite de soie, d'opium et de musique. Une
symphonie des sens, un opéra du coeur.
|