Les dramaturges des années cinquante ont exploré les zones de la psyché les plus secrètes, les plus profondément enfouies, au cœur même de l'inconscient, puisqu'il n'est pas d'au-delà du narcissisme. Il paraît difficile d'aller plus avant dans le processus de destruction du personnage dramatique, et de mise en cause des données qui régissent la dramaturgie antérieure, tout en conservant le phénomène théâtral. L'intégrité corporelle du personnage, la cohérence de son langage, apparaissaient, jusqu'en cinquante, comme les deux traits qui le constituaient de façon inébranlable : désintégration du langage et morcellement du corps caractérisent ce personnage dramatique nouveau. C'est dire l'importance de la révolution qui s'est accomplie, sur la scène européenne en cinquante, grâce à des écrivains comme Beckett, Ionesco et Adamov, dont l'influence est déterminante sur les dramaturges qui écrivent actuellement.
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